27.2.09

Humanisme et désinformations

Même chez des gens bien intentionnés, la désinformation est de mise. C'est désolant, mais tellement compréhensible au vu du fatras de conneries qui circule à longueur de journées et d'années sur les téléscripteurs et dans les feuilles de chou... Il faut bien faire son beurre.
Il est de mise, en ces temps de lobotomie intensive, de considérer qu'un sympathisant de Fidel Castro est un ignoble extrémiste communiste. Que dire de ceux qui foutent des liens vers les sites officiels des FARC ou de la RAF... C'est ainsi que ces bons humanistes, après avoir exercé leur droit suprême de modérateur, décident de ne pas accepter un commentaire assez banal sur leur blog. C'est normal; même chez ces personnes intélligentes, un des maux les plus terribles de cette époque frappe: la paresse.
La paresse de ne pas s'informer justement sans avoir peur de temps en temps d'avoir mal à ses convictions. Ainsi, même si le régime cubain n'est pas exempt de critiques, il est d'une malhonnêteté intellectuelle crasse que d'affirmer que Cuba est une dictature. Dans tous les rapports de l'OCDE, il apparaît que Cuba est le pays sud-américain où le taux de mortalité est le plus faible, Cuba forme les meilleurs médecins, Cuba a augmenté de façon vertigineuse le taux d'alphabétisation et j'en passe... La crise mondiale actuelle frappe néanmoins Cuba de plein fouet, et certes, c'est maintenant que le régime montre certaines de ses limites.
Cependant, je voudrais savoir si ces naïfs humanistes se sont un jour rendu à Cuba, hors des lieux touristiques et des hôtels de luxe, dans le pays et chez ses habitants. Nous, oui. Et pas qu'une fois. Vivre et parler avec les habitants vaut mieux que n'importe quel bouquin pour se faire une opinion de cette soi-disant "dictature". Certes, à Cuba, tout le monde n'a pas accès à cette débauche consommatrice qui tue le monde; certes, certains aspects sont dérangeants - comme par exemple ce visa nécessaire pour quitter le pays - mais jamais nous n'avons rencontré de personnes tristes de leur sort, au contraire. Parler avec les vieux qui ont connu la vraie dictature est édifiant!
Et puis les FARC... Ah, les vilains salopards! Là encore, tout est une question de courage, celui de s'informer! Oui, les FARC enlèvent des gens. Non, nous n'aprouvons pas nécessairement.
Par contre, qui a le courage de dire dans les médias patentés que le plus grand criminel de la Colombie, c'est le gouvernement d'Alvaro Uribe qu'on a quasi sanctifié après la libération de Bétencourt? Que ceux qui parlent de dictature, au lieu de pointer stupidement Cuba ou le Vénézuela, osent parler de la Colombie, un Etat para-militaire financé par les Etats-Unis, et qui à lui seul est responsable de 80% des crimes sur le territoire: assassinats de syndicalistes, d'opposants, collusion avec les narco-trafiquants, déplacements de population,... Là, on parle de millions de personnes, d'Indiens privés de terre pour la laisser aux traficants, dont le cousin de Pablo Escobar, conseiller d'Uribe... Alors, il y a les FARC. Et l'ELN aussi. Qui luttent avec leurs moyens que leur laissent l'Etat: la violence. Ont-ils d'autres choix quand le fait même de s'élever contre ce régime fasciste vous vaut soit une balle dans la tête, soit un emprisonnement ad vitam aeternam? Et puis, depuis la libération de Bétencourt (qui, pour une femme qui était soi-disant mourante et maltraîtée, est sortie de l'avion telle une jeune fille après une cure de spa) , qui parle des FARC? Qui s'occupe de la Colombie?
Il est dès lors facile de s'interroger, d'entrer dans des débats pseudo-démocratiques où ce seront toujours les mêmes qui auront le dernier mot, où ce seront toujours les mêmes intervenants télégénico-spécialistes qui dégueuleront leurs horreurs avec l'assentiment de la majorité. Comment encore avoir foi en l'Homme quand celui-ci a le pouvoir de changer les choses, mais qu'il ne le prend pas et qu'il élit des dangers publics ou des crétins profonds? Comment encore avoir foi en cet Homme qui n'a cure du devenir de la planète et qui ne pense qu'à son confort personnel, au prix de ses murs si on lui fout une éolienne près de chez lui? N'est-ce pas une nécessité vitale que de changer nos habitudes qu'il faille encore donner le choix au brave citoyen?
Est-ce dans des débats futiles et truqués qu'on trouvera le salut? Est-ce dans des manifs "bien encadrées sans débordements" que les salauds élus changeront leur façon de voir?
Nous en doutons. Si en plus, les gens bien intentionnés s'y mettent...

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